Mozart
tient incontestablement une place unique dans l’histoire de la musique
occidentale. Son destin de jeune virtuose aux dons musicaux
exceptionnels l’a porté très tôt aux triomphes et aux honneurs des plus
grandes cours d’Europe de son temps. L’attention soignée que porta son
père Léopold dans la gestion de la carrière de ce fils prodige a
contribué à cette célébrité précoce, mais elle est aussi révélatrice de
la condition précaire du musicien du 18ème siècle dans sa quête
indispensable de reconnaissance à la fois sociale et vitale au sein des
réseaux aristocratiques. Cette vie de valet révolte Mozart, qui
reprochera à son père de bien trop souvent courber la tête devant toutes
les formes de pouvoir. Plus tard, confronté lui-même à cette réalité,
Mozart tentera de trouver un équilibre entre l’acceptation des normes
figées de son temps et son désir de s’affranchir artistiquement. Il
sera le premier à s’illustrer dans tous les genres musicaux et
perfectionnera les formes établies, conférant à ses œuvres une ampleur
et une expressivité jamais atteinte jusqu’alors posant les jalons de
l’ère romantique. De la sonate aux quatuors, du concerto à la
symphonie, le style Mozartien s’imposera. Son écriture sera d’une rare
intensité dans la musique religieuse, et ses opéras marqueront l’art de
la scène et ce, d’une manière intemporelle. Il saura y mêler, avec
justesse, le drame et la comédie, le fantastique et le réel, les princes
et le peuple, des œuvres dans lesquelles transparaît l’engagement du
compositeur. La puissance créatrice de Mozart a su synthétiser la
légèreté italienne et le savoir-faire contrapuntique allemand et porter
le style classique à son apogée, mais son génie aura été surtout celui
d’un homme revendiquant sa libre expression artistique.
Chronologie détaillée
1756 – 1762 : L’enfance de Wolfgang : un talent extraordinaire reçu de dieu (Marianne Mozart)
Le 27 janvier 1756
, à Salzbourg, le septième enfant* de
Léopold Mozart et d’Anna-Maria Pertl voit le jour et est baptisé sous
les prénoms de Joahnnes-Chrysostomus-Wolfgang-Théophilus. Pour
comprendre d’où provient le fameux prénom d’« Amadeus », il faut
rappeler qu’au 18ème siècle, la coutume imposait que l’enfant reçoive à
son baptême le prénom de son parrain, lequel, pour Mozart se prénommait
Theophilus. Léopold donna très vite sa préférence personnel pour
l’équivalent allemand du prénom c’est-à-dire Gottlieb. Plus tard,
Wolfgang s’amusera à italianiser ce Gottlieb qui devient, dans la
traduction italienne, Amadeo, Amadé ou encore, dans sa forme latine,
Amadeus.
Le père de Wolfgang est attaché au service du prince-archevêque de
Salzbourg comme violoniste, directeur de l’orchestre et compositeur de
la cour et de la chambre. Très bon violoniste, il est l’auteur d’un
Essai d’une méthode approfondie du violon qui connaîtra un réel succès.
C’est un homme autoritaire et sec et excellent pédagogue aussi prend-il
naturellement en charge l’éducation musicale de ses enfants.
1759
, Nannerl (Marianne), la sœur de Wolfgang, débute
l’apprentissage du clavecin et révèle très vite des qualités
exceptionnelles de virtuose. A trois ans, l’écoute des leçons de
musique de sa sœur Marianne incite Wolfgang « avec un plaisir divin » à
rechercher au clavier des sons harmonieux. La précocité et
l’enthousiasme du petit garçon dans ce domaine sont bien vite perçus, et
c’est avec une grande avidité et une docilité sans faille, que
Wolfgang commence ses études musicales sous la direction de son père. «
Etant enfant, écrira sa sœur, il avait le désir d’apprendre tout ce
qu’il voyait… ». Le dessin, l’arithmétique, la musique, rien ne semble
le rebuter.
Il apprend vite les techniques du clavecin mais aussi celles du violon,
sa mémoire est remarquable. Wolfgang commence à inventer des petites
mélodies que son père note avec émotion et fierté sur papier.
Fragment de menuet en Fa Majeur (K2), première composition de Mozart.
1762- 1767 : Je l’ai vu…ce petit bonhomme avec sa perruque et son épée. (Goethe)
1762
, Wolfgang entre dans sa sixième année. Sa sœur et
lui semblent assez à l’aise sur leur instrument pour que leur père
décide de les produire en public. Première étape : Munich, lieu prisé
de la bonne société salzbourgeoise, où les enfants se font entendre du
prince-électeur Maximilien III.
Puis Vienne : L’annonce de l’arrivée des jeunes prodiges les précède.
L’Impératrice Marie-Thérèse invite la famille Mozart au château de
Schönbrunn. Leur prestation est une consécration. Mais Wolfgang tombe
malade, probablement la scarlatine, contagieux il doit se tenir à
l’écart.
1763
La guerre de Sept ans prend fin. Le calme est
revenu sur l’Europe, avec l’accord du prince-archevêque, la famille
Mozart prend la route vers les grandes capitales d’Europe. Petites et
grandes villes s’enchaînent, les interprétations des enfants Mozart font
merveille, les improvisations du jeune garçon suscitent l’enthousiasme
frôlant parfois le numéro de cirque.
Menuet en sol (K1)
,premier manuscrit autographe de Wolfgang, un
Paris : La recommandation élogieuse de l’auteur allemand Friedrich
Melchior Grimm dans sa Correspondance littéraire * permet aux Mozart
d’être reçus à Versailles. Ils sont frappés par les froides convenances
et le cérémonial de la famille royale. Wolfgang découvre la bataille
entre la musique française et la musique italienne et ce séjour stimule
sa créativité.
Sonate pour piano et violon (K. 7)
.
Il rencontre le compositeur Johann Schobert, les encyclopédistes Diderot
et D’Alembert, le philosophe Helvétius ainsi que le peintre Van Loo *
(qui fit un portrait d’eux).
1764 Londres
: Ils y resteront 16 mois jusqu’au 1er août 1765.
L’Angleterre est conquise à la musique italienne. Moins de cinq jours
après leur arrivée le roi Georges III et la reine Charlotte les
reçoivent chaleureusement. Le petit Wolfgang s’impose par sa
prodigieuse virtuosité de claveciniste interprète et improvisateur et
plonge l’assistance dans un état d’étonnement et de ravissement. Le
séjour anglais sera riche en rencontre. D’abord Jean-Chrétien Bach (1735-1782) ,
maître de musique de la Reine, acquis à la nouvelle musique italienne,
qui aura une grande influence sur lui, de Carl Friedrich Abel qui lui
fait découvrir la clarinette, instrument peu utilisé à l’orchestre ainsi
que le castrat Giovanni Manzuoli (1720-1782) qui lui révèle la technique du bel canto.
1765-1766
A La Haye Nannerl tombe gravement malade. A
Lille, une fièvre cérébrale plonge Wolfgang une huitaine de jours dans
le coma. Tous ces déplacements dans l’inconfort des voyages et les
activités musicales fragilisent sans doute un enfant en pleine
croissance. Les étapes reprennent : Amsterdam, Utrecht, Rotterdam,
Anvers, Bruxelles Valenciennes, Cambrai puis de nouveau Paris où les
Mozart sont reçus deux fois encore. Dans sa Correspondance littéraire,
Friedrich Melchior Grimm assure aux Mozart une réputation quasi
européenne.
1767 -1768
Partagé, entre Salzbourg et Vienne Mozart,
qui n’a que 12 ans, est souvent sollicité par la noblesse. Il compose
son premier opéra bouffe, la Finta Simplice (K 51) (la fausse
ingénue) tiré d’une comédie en 3 actes de Carlo Goldoni qui est
représenté l’année suivante à Salzbourg puis le singspiel Bastien
Bastienne exécuté dans un concert privé à Vienne.
Il dirige lui-même avec succès sa première messe Missa Brevis (K.49).
C’est une année riche en expérience et en découverte musicale : il
entend l’Alceste de Christoph Willibald Gluck et découvre les
compositions de Joseph Haydn.
1769- 1777 : Une livrée pesante : …être seulement quelques chose. Mais être vraiment quelque chose ! (W.A. Mozart)
1769
, Mozart a 13 ans et est nommé maître de concert auprès de l’archevêque de Salzbourg.
1770-1772
Son père décide d’entreprendre le premier
voyage en Italie, où il songe à l’étude de l’opéra. IL sait que pour un
musicien de son temps, l’opéra représente le genre musical qui seul
apporte la gloire et la consécration et l’Italie.
La génie de Wolfgang s’est répandu dans tout le pays.
A Rome, Wolfgang entend le Miserere de Gregorio Allegri à la chapelle Sixtine, et le transcrit de mémoire.
Le pape Clément XIV le décore chevalier de l’Eperon d’or. Wolfgang est nommé à la célèbre accademia Filarmonica de Bologne.
A Milan, il fait la connaissance de Giovanni Battista Sammartini et de Niccolo Piccinni. Il présente l’opéra Mitridate, re di Ponto (K. 87), le 26 décembre 1770.
Lors de son deuxième voyage, il écrit la Sérénade, Ascanio in Alba (K 111). Le troisième voyage, accordé à contrecœur par le futur archevêque Colloredo, sera marqué par la création, à Milan, de l’opéra Lucio Silla (26 décembre 1772).
Le 16 décembre 1771, à Salzbourg meurt le
prince-archevêque Sigismond von Schrattenbach dont les dispositions
bienveillantes à l’égard de Mozart ne se retrouveront pas chez son
successeur Hieronymous Colloredo (1732-1812) .
1773
Mozart reste à sa charge de Konzertmeister tout en
effectuant de brefs séjours à Vienne où il devient le disciple de
Joseph Haydn et s’intéresse vivement au contrepoint. Il achève les
quatuors milanais (K 155 à K 160) et les six quatuors viennois (K 168 à K 173) et achève Thamos, roi d'Egypte (K 345) inspiré des thèmes maçonniques (création le 10 décembre 1773). Son écriture musicale s’affirme à travers son premier véritable Concerto pour piano n°5 en ré (K 175)
(en fait, pour clavecin au départ). Il entreprend l’écriture de 5
concertos pour violon qui font preuve d’une grande maîtrise pour
l’adolescent qu’il est encore. Le plus célèbre est le concerto pour
violon en La Majeur (k 219).
1775
Mozart revient de Munich après avoir présenté, avec succès, le 13 janvier l’Opéra bouffe, la Finta Giardiniera
(la Fausse jardinière) (K 196). Dans cette œuvre, influencée par
Glück, Mozart avance sa conception personnelle du théâtre musical en
insufflant aux personnages une dimension psychologique ébranlant
sérieusement les conventions du style galant et les modèles désormais
trop rhétoriques et maniérés de l’opéra mythologique. Cette écriture se
poursuit en avril avec l’opéra Il Re pastore (K 208) sur un livret de Métastase dont la première représentation se fera à Salzbourg.
Mozart continu de répondre aux exigences de Colloredo ainsi qu’aux
commandes des riches bourgeois de la ville de Salzbourg. Sa livrée lui
pèse considérablement, Mozart à 17 ans et réagit sur son sort :
A Salzbourg, je ne sais pas qui je suis,
je suis tout, et aussi bien parfois rien du tout. Je n’en demande pas
tant, je n’en demande pas non plus si peu : être seulement quelques
chose. Mais être vraiment quelque chose !.
1778- 1781 : L’envol : Aujourd’hui commence mon bonheur
Lassé des rapports conflictuels avec l’archevêque Colloredo, Mozart
démissionne en août. Il souhaite vivre autre chose, s’évader de cette
atmosphère mesquine et provinciale. La florissante ville de Mannheim
semble de bon augure pour Mozart. Cette fois, le voyage se fera
seulement avec sa mère, son père préfère rester à son poste de maître de
chapelle. La grande école symphonique de Mannheim* le fascine. Malgré
la richesse culturelle de la ville et les rencontres qu’il y fait,
Mozart n’obtient aucun poste stable. Pour gagner de l’argent, il écrit
pour 200 florins, des œuvres pour flûtes, et malgré l’aversion du
compositeur pour cet instrument, il offre le Concerto en ré (K 314) dans lequel les qualités de la flûte sont merveilleusement mises en valeur.
1778
la ville lui offre son premier amour, en la toute
jeune cantatrice Aloysia Weber, (fille de Fridolin Weber et oncle de
Carl Maria von Weber) mais son père, souhaite un mariage plus ambitieux
pour son fils, et lui ordonne par courrier de partir pour Paris.
Quelques années plus tard, déçu du comportement frivole d’Aloysia, il
épousera (en 1782) la sœur de celle-ci, Constance*, d’un caractère
plus docile.
Mozart a 22 ans. A Paris, le jeune homme qu’il est devenu ne suscite
plus l’intérêt et la fascination d’enfant prodige qu’il a connu quelques
années plus tôt. La capitale compte désormais beaucoup de musiciens et
Mozart en est un parmi d’autres. De plus, La querelle des Gluckistes et des Piccinistes
bat son plein et a changé le paysage musical français. La gloire
espérée n’est pas au rendez-vous et les soucis d’argent le contraignent à
donner des cours de musique.
La première œuvre importante de cette période est la Symphonie en ré Majeur dite « parisienne » (K 297). Dans une lettre à son père du 12 juillet 1788, il écrit à ce sujet :
…Mais savoir si elle plaira, c'est ce que
j'ignore. En vérité, je m'en soucie peu. Car à qui ne plairait-elle
pas? Pour le petit nombre de Français intelligents qui seront là, je
suis bien sûr qu'elle leur plaira. Quant aux imbéciles, ça ne sera pas
un grand malheur si elle leur déplaît. Et j'ai quand même l'espoir que
même les ânes y trouveront aussi quelque chose qui puisse leur plaire .
Wolfgang la façonne au gout du public parisien qui raffole de certains
effets comme le crescendo de l’école de Mannheim*. Il y inclut
également le célèbre « premier coup d’archet* » qui inaugure le
mouvement final de sa symphonie et dont les parisiens font grand cas :
Je n’ai pas manqué le premier coup
d’archet ! Et cela suffit. Ces animaux en font toute une affaire ! Que
diable ! Je ne vois pas la différence, ils commencent ensemble comme
ailleurs. C’est ridicule ! .
Le 3 juillet
1778 sa mère rend le dernier soupir
provoquant chez Mozart une détresse profonde, son père lui ordonne de
rentrer à Salzbourg. Une nouvelle charge l’attend : organiste de la cour
et du dôme. Pour Mozart, c’est à nouveau le joug des pièces de
commande, comme cette Messe en ut Majeur dite « du couronnement » (K 317) datée sur le manuscrit du 23 mars 1779
Wolfgang Mozart reçoit une commande d’opéra de Munich, Colloredo ne peut s’y refuser. Le triomphe de l’opéra seria Idoménée (K 366), le 29 janvier 1781,
le conforte dans sa propre valeur en tant que musicien. Dès lors,
Mozart n’est plus disposé à être traité comme un domestique et subir les
humiliations d’un maître fut-il archevêque. Il rompt cette fois
définitivement avec Salzbourg et part tenter sa chance à Vienne.
Dans une lettre, Mozart écrira le soir du 9 mai 1781... Aujourd’hui commence mon bonheur .
1782 – 1791: La maturité : Votre fils est le plus grand compositeur que je connaisse, en personne ou de nom . (Joseph Haydn)
1782
: le séjour viennois commence sous d’heureux
auspices. Outre son mariage avec Constance Weber il reçoit une commande
d’opéra de Joseph II. Le 16 juillet 1782, ce sera le singspiel allemand Die Entführung aus dem Serail (K 384) (Belmonte et Constance ou l’Enlèvement au Sérail ).
Il composera beaucoup pour la famille des Haffner, l’une des plus influentes de Salzbourg, la Symphonie en ré, dite « Haffner » (K 385), ou encore cette autre écrite en 4 jours, la Symphonie de Linz (K 425). Un Concerto pour cor (K 495), des concertos pour piano pour « mettre en nage » selon ses propres termes dont le Concerto en Ut mineur K 491.
Le 31 décembre 1782 à Vienne est créé le Quatuor à cordes en Sol Majeur (K387), premier quatuor de la série des six dédiés à Joseph Haydn auquel il voue une vénération profonde.
C’était un devoir, disait-il, car c’est de Haydn que j’ai appris comment il faut écrire des quatuors (Johann Friedrich Rochlitz*)
La première rencontre de Joseph Haydn (de 24 ans son ainé) et de Mozart à Vienne date de 1781.
Une amitié réciproque et indéfectible liera les deux compositeurs.
Joseph Haydn n’hésitera pas à dire que le génie de Mozart dépassait son
propre talent.
Bien qu’ils aient eu tous deux un caractère et une esthétique bien
distinctes, un dicton courait encore à Vienne à ce sujet, au milieu du
19ème siècle : « le Lundi, Mozart compose comme Haydn, et le mardi,
Haydn compose comme Mozart »
En 1784, Mozart décide d’adhérer à la franc-maçonnerie en 1784 dont il sera nommé maître en avril 1785.
De cette conversion, découlera une série d’œuvres dans un style plus
personnel et plus libre de transgresser les convenances d’un public
d’élite. La cantate La Joie Maçonnique en Mi bémol Majeur K 471, sera la première composition maçonnique exécutée le 24 avril 1785 à Vienne.
Musique Funèbre maçonnique en ut mineur K 477.
1786
Alors que sa popularité auprès du public autrichien faiblit, Wolfgang écrit la Symphonie n° 38 en Ré Majeur dite « Prague » K 504, hommage à la ville qui lui reste fidèle.
Devant le succès des opéras italiens et l’impossibilité de monter un
opéra en allemand à Vienne, Wolfgang écrit sur un livret en langue
italienne.
L’opéra bouffe Les Noces de Figaro (Nozze de Figaro) (K 492), première collaboration avec le librettiste italien Lorenzo Da Ponte, est un triomphe.
En
1787, Wolfgang Mozart débute la composition de l’opéra Don Giovanni (K527),
lorsque son père tombe malade et meurt quelques semaines plus tard le
28 mai. En octobre à Prague, Mozart dirige lui-même la création et
reçoit une véritable ovation lorsqu’il paraît en scène. La
représentation qui suivra à Vienne le 7 mai 1788 ne suscite pas le même enthousiasme auprès de Joseph II déclarant qu’elle n’est pas à la portée du public viennois
En novembre, Mozart succède à Christoph Willibald Gluck comme
Kammermusicus à Vienne, mais avec un moindre salaire. Les difficultés
financières du ménage Wolfgang - Constance s’intensifient.
1788
, Mozart compose sa trilogie finale : Symphonie
n°39 en mi bémol Maj (K. 543), symphonie n° 40 (K 550) en sol mineur et
la symphonie n° 41 en Ut Majeur (551) dite « Jupiter ».
En 1789, il commence la composition de l’opéra bouffe Cosi fan tutte (K 588) -Ainsi font toutes les femmes- l’œuvre est créée à Vienne le 26 janvier 1790.
En mars 1790, Wolfgang donne ce qui sera son dernier concert en public en jouant son Concerto pour piano (K 595).
Une nouvelle commande d’opéra est faite de l’acteur et directeur de théâtre Emanuel Schikaneder, ami et frère-maçon. Ce sera La Flûte enchantée (K 620)
(Die Zauberflöte K 620). La santé de Mozart se dégrade, le surmenage
et l’épuisement physique affaiblissent son corps. C’est alors qu’un
messager anonyme lui remet une lettre non signée* dans laquelle il est
sollicité pour entreprendre la composition d’une Messe des Morts.
L’idée, consciente ou pas, de la mort l’impressionne mais en tant que
franc-maçon, celle-ci est plutôt familière. Mozart se lance alors dans
cette composition.
Au début du mois d’août, une autre commande lui parvient d’une urgence
telle qu’il doit arrêter l’ébauche de sa messe. Wolfgang Mozart est en
charge de mettre en musique l’opéra destiné à fêter avec solennité le
couronnement de Léopold II comme roi de Bohême le 6 septembre à Prague.
Le livret, d’après une œuvre de Métastase, est imposé ce qui est loin
de plaire à Mozart. Ecrit en quelques 18 jours l’opéra seria La Clémence de Titus (Clemenza di Tito) ( K.621) est créée le 6 septembre 1791 à Prague.
De retour à Vienne, déçu du faible accueil de sa Clémence, le déclin de
ses forces physiques s’est accusé. Il achève d’écrire l’ouverture de
La Flûte enchantée la veille de la répétition générale fixée au 29 septembre 1791. Le lendemain, 30 septembre 1791, il dirige lui-même la première représentation qui sera une consécration absolue.
Le 28 novembre, le médecin estime que la maladie n’est plus guérissable. Le 5 décembre
1791, Wolfgang Amadeus Mozart s’éteint, à Vienne, laissant inachevé la commande de son Requiem en ré mineur (K 626) et quelques 600 œuvres qui porteront Mozart à la postérité.
Ludwig von Köchel (1800_1877) dressa un inventaire chronologique
des œuvres de Wolfgang Amadeus Mozart. Les références des œuvres de ce
catalogue sont habituellement abrégées K ou KV (pour Köchelverzeichnis).
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* La Correspondance littéraire, philosophique et critique est un
périodique français manuscrit destiné à l’aristocratie cultivée du
XVIIIe siècle.
* Sur les six enfants qu’auront le couple, deux seulement survécurent.
Karl Thomas fit carrière dans l’administration, Franz Xaver Wolfgang
choisit la musique et signa ses œuvres Wolfgang Amadeus Mozart. Tous
deux furent célibataires et moururent sans descendance.
*Johann Friedrich Rochlitz : Ecrivain et critique allemand (Leipzig 1769 – id. 1842)
* On sait aujourd’hui qu’il s’agissait du comte Franz von Walsegg,
piètre compositeur, qui souhaitait reprendre à son nom, une messe
funèbre à la mémoire de son épouse.
Glossaire :
Période dite « Classique »
: Période « repère » dans
l’histoire de la musique qui succède à la période dite « baroque ». La
période « classique » débute à la naissance de Wolfgang Amadeus Mozart
et s’applique à toutes les œuvres composées avant 1820, date à laquelle
commence la période « romantique ».
Castrat
: chanteur de sexe masculin ayant subi la
castration avant sa puberté, dans le but de conserver le registre aigu
de sa voix enfantine.
Premier coup d’archet
: terme utilisé au 18ème pour
indiquer l’attaque à l’unisson de tout l’orchestre. La capitale
parisienne avait pour tradition de jauger l’excellence d’un orchestre à
la qualité de l’exécution de ce premier coup d’archet.
Opéra bouffe ou buffa
: désigne un genre d'opéra français traitant d'un sujet comique.
Opéra séria
: par opposition à Opéra bouffe (Opéra buffa). Un genre d’opéra fondé sur des règles musicales et dramatique strictes.
Singspiel
: Dans le théâtre allemand, pièce parlée et chanté.
Style galant
: Entre 1740 et 1760, genre de composition
divertissante, légère et raffinée très appréciée essentiellement en
France et en Allemagne.
Querelle des Gluckistes et des Piccinistes
: La
querelle des Gluckistes et des Piccinnistes est une polémique esthétique
qui divisa le monde musical parisien entre 1775 et 1779 et qui vit
s'opposer les défenseurs de l'opéra français (Gluckistes) et les
partisans de la musique italienne (Piccinnistes).
Ecole de Mannheim
: Centre musical du 18ème siècle qui
tire son nom de la ville de Mannheim, sur le Rhin. Son orchestre était
considéré comme le meilleur de l'Europe. De par le nombre et la grande
qualité des instrumentistes qui le composaient, cet orchestre avait le
souci de nuancer et de diversifier l’utilisation des instruments. Il
réalisait des effets inusités dont le célèbre crescendo qui fit
sensation à travers l'Europe.
Bibliographie sélective:
Jean Massin et Brigitte Massin : Wolfgang Amadeus Mozart, Fayard ,1990
Jean Blot : Mozart, Folio Biographies, 2008
Mozart, Martine Cadieu : Mozart, Editions 10/18, 2002
Howard Chandler Robbins Landon : 1791 la dernière année de Mozart, Fayard, 2005
Philippe Sollers : Mystérieux Mozart, Gallimard/Folio, 2003
Annie Paradie et Howard Chandler Robbins Landon : Mozart : l’opéra réenchanté, Fayard, 1999
Bertrand Bermoncourt : Tout Mozart Encyclopédie de A à Z, Laffont, 2006
René Terrasson : Le testament philosophique de Mozart, Dervy, 2005
Jacques Henry : Mozart frère maçon de Jacques Henry, Editions du Rocher,1997